Le bon ordre des choses...
...ou ce qui te rappelle qu'il est temps, maintenant...
Temps de lecture : 3 minutes et 20 secondes
Quand j'étais en histoire de l'art, j'étais fascinée par les vanités.
Tu vas me prendre pour une dingue. Une partie de moi était absorbée par les cavités orbitaires de ces crânes. Comme si je voulais savoir où était passée l'âme de la personne. Puis, les détails, le décor, parfois l'aspect sombre de la peinture me reposaient.
En même temps, n'y parle-t'on pas de repos éternel ?
Pas très gai tout ça, n'est-ce pas ?
Puis, une passion pour la philo est née. J'entends encore mon professeur de terminale nous déployer avec ferveur son "En ce sens..." après chaque citation empruntée à un grand penseur. J'ai rencontré les stoïciens dont je parle souvent.
En moi, il subsiste deux facettes distinctes qui se battent en duel quasiment tous les jours.
La grande épicurienne qui aime les plaisirs de la table, de la chair, des belles choses chères, la légèreté et la satisfaction des désirs immédiats et faciles.
Et la digne stoïcienne qui instaure les règles d'hygiène de vie et la rigueur, voire la rigidité sous certains aspects de moi-même. Pour moi, c'est la philosophie de la stabilité émotionnelle, de l'humilité et de la confiance en soi.
Personnalité multiple dont la Vénus l'emporte à chaque fois en s'esclaffant de rires...
T’inquiète, le cours de philo s'arrête ici. Mais voici une maxime qui anime toutes mes prises de décision.
En fin de vie, tous les soignants, qui travaillent en EHPAD ou en soins palliatifs, témoignent des regrets des patients. Au passage, si tu aimes lire, je te conseille les livres d'Elisabeth de Courrèges, ergothérapeute et diplômée d'un master d'Ethique médicale.
On regrette plus ou moins les mêmes choses.
Avoir mal choisi son partenaire correctement et avoir traversé une vie sans amour véritable,
Ne pas avoir réfléchi à l'envie réelle d'avoir des enfants et les avoir gardé parce que ça s'est fait comme ça,
Ne pas avoir avoué ses sentiments ou sauté le pas vers l'histoire d'amour exceptionnel qui était face à nous,
Avoir passé trop de temps à s'inquiéter et se créer des chimères mentales,
Ne pas avoir assez pris soin de son corps et de sa santé,
Ne pas avoir dit "Je t'aime" ou résolu des conflits avant qu'une personne ne s'en aille.
J'en viens à cette maxime stoïcienne. Memento Mori pour "Souviens toi que tu te meurs". Souviens toi de la mort. Selon Epictète, se rappeler du bon ordre des choses règle bien des attentes et des états d'indécision. Il rappelle également que nous devons rester humble face à la vie, qui a un moment reprendra ses droits.
Pourquoi réfléchir ainsi?
Où en es-tu dans tes principales décisions? Et tes désirs? Citons encore une fois tout un tas de situations pour lesquelles tu hésites :
Visiter le Japon
Apprendre l'italien
Te mettre à la poterie
Rassembler toute ta famille dans un gîte cet été
Reprendre tes études
Avouer tes sentiments à ce collègue de travail
Lancer ton business
Ecrire ton livre
Dire je t'aime sans avoir peur
Apprendre à coudre
Suivre enfin l'année complète de yoga
Tu noteras que je ne suis pas en train de lister des accessits hors normes ou inatteignables. Ce sont des rêves de vie, qui sont totalement à ta portée.
Et quand bien même, ils seraient plus grands. On en revient au même. Il est même peut-être encore plus temps d'y aller parce qu'il y a peut-être plusieurs étapes avant de vivre l'aboutissement de ce que tu souhaites.
Prends conscience de l'éphémérité de ton existence et mets-toi en marche.
Prends des risques. Des riquiquis comme des immenses.
Ce n'est pas l'année prochaine ou quand ça sera le moment que...
Le temps passe et tu ne le rattraperas pas. Celui que tu as passé à me lire est fini. Chaque seconde se termine instantanément. Y'a jamais un second jour similaire. Il n'y a qu'un nouveau lendemain.
Est-ce que demain sera le tien?
Et j'ai encore envie de te rappeler autre chose. Tu ne sais même pas quand aura lieu la fin. Et dans quelles conditions. Tu vois bien que le temps est un bien précieux. Suffisamment pour que tu ne le perdes pas attendre, mais plutôt à le vivre comme tu le souhaites.
Un jour, je ferai, on ira, on devra, il faudra.... Enclenche le mode "Je vais..." et non "Je ferai..."
Alors peut-être que c'est parce que j'ai été confrontée à la mort assez tôt dans mon existence et à plusieurs reprises. Que j'ai d'ailleurs une relation doucette avec elle, sans peur, ni idées lugubres. Parce que je l'ai vu prendre des gens proches, très très proches. Mais surtout, j'ai pris cette putain de conscience qu'on n'a qu'une seule vie. Rien qu’une seule vie.
Evince de ta bouche ces trucs timides de "C'est pas le moment", "Je ne suis pas encore prête", "Un jour viendra..."
Lutte contre ton sentiment d'illégitimité qui te pétrifie. Et pourquoi pas devenir l’entrepreneur.e que tu as toujours rêvé d’être?
Bien à toi.